11. Le « vrai » monde et sa cage

Novembre 2017. 11^e mois, 11^e article. Je suis maintenant à ma troisième semaine de mon Teaching Yoga Training et mon corps m’en fait un beau témoignage. Je suis raquée de partout, mais je suis aussi très fière du progrès que j’ai fait depuis le début. Je suis heureuse d’apprendre tellement de bonnes choses qui vont certainement influencer mon futur, je l’espère vraiment. J’aimerais vraiment partager mes savoirs et les apporter dans le « vrai monde » pour qu’on essaye petit à petit de changer les choses simples… Le « vrai monde », là où le stress, la pression sociale, le jugement, le besoin de performer, le besoin de s’accomplir… là où j’ai aucune envie de retourner. J’ai une seule peur ici, et cette peur est de toujours retomber dans tout ça chaque fois que je reviens dans le « vrai monde ».

Dans la « cage », là où on est bien, là où on se fait nourrir par cette société, ce big brother, ce capitalisme. Il nous nourrit tellement bien, de façon si mesquine… on se rend compte de rien. On est gavés. On est chouchoutés dans la cage.

Nos balises sont bien dressées. Notre plan de vie, de carrière, de mariage ou de whatever… tout est établi. Il y a même dans nos questions d’entrevues parfois ce; où te vois-tu dans 5 ans? Mais vraiment, à y penser… qui peut savoir où il sera dans 5 ans? Pourquoi est-ce si important? Pourquoi ne pas mettre l’importance sur le maintenant, ici. Le moment présent! J’ai une peur qui me ronge et oui, c’est la peur du vrai monde. J’adore la vie ici. Chaque jour est un festival de couleurs, de pensées, de zenitude. On ne pense pas à demain. Peut-être que beaucoup penseront; oui mais tu es en vacances. Je ne suis pas en vacances, j’ai un horaire précis, chaque jour je fais 4 h de yoga et 3 h de théories. Et je dois passer au moins 2 h par jour à étudier. Mais j’étudie un sujet qui enseigne les choses tellement différemment de ce que nous enseigne… le vrai monde … Ici on est en dehors de la cage. Et on se nourrit par le fruit de notre travail, par la méditation, par l’introspection, par le vide intérieur. Et on est juste une vingtaine de personnes complètement perdues dans le vrai monde et on se retrouve ici, ensemble, au moment présent. C’est magique. C’est vraiment beau.

On réapprend à respirer. Juste RESPIRER ! Apprendre à respirer plus lentement peut augmenter la durée de vie de plusieurs années!!! Le fait de réfléchir sur la respiration même nous met les choses en perspective… La première chose que l’on fait lorsqu’on naît, c’est de prendre une inspiration. Et la dernière chose que l’on fera avant de mourir, c’est de se laisser aller avec une longue expiration… La vie c’est ce qui reste entre les deux. Et chaque cycle de respiration est important. Respirer plus lentement, avec des expirations longues et élancées… Essayez-le! L’idéal est d’expirer le double de temps de nos inspirations. Le stress peut partir juste en respirant mieux. C’est la base! Et chanceux comme on est au Canada, on a de l’air pur et frais… et non-pollué. Respirons, respirons… c’est gratuit et c’est bon!

On apprend à s’observer, à s’aimer comme on est vraiment, authentique et vrai. Hier, Kesley, la jeune canadienne me partageait qu’elle aussi a peur de retourner dans le « vrai monde ». On a toutes les deux peur de laisser vite tomber les bonnes habitudes et toute cette spiritualité qui est tellement glorifiée ici. Elle a peur que sa famille ne comprenne pas ce qu’elle essaye de leur dire en leur parlant de tous ces trucs « bizarres » que l’on apprend ici. Elle a peur que sa famille lui dise : ok, c’est bon, tu es allée faire ta retraite de yoga de wierdo en Inde et on comprend ça. Mais là il faut travailler et revenir sur terre ma grande. Moi aussi j’ai peur de vivre ce choc là, un jour, quand je vais revenir. Des fois je me dis que je ne suis vraiment juste pas faite pour vivre dans le vrai monde organisé, purifié et aseptisé. Le choc va sûrement être plus dur à mon retour finalement… et je réalise là maintenant au moment où j’écris que c’est probablement pour ça que je suis revenue vers l’Asie encore. Je « cravais » de parler avec du monde qui sont dans le « clan » des gens qui voient autre chose… avec qui je peux parler de ressentir l’énergie de la lune et que ça va sembler totalement normal. Avec qui je peux chanter des mantras et sentir l’énergie dans une pièce, une pièce remplie d’amour et de pur bonheur. Juste hier, on a chanter tout le groupe ensemble un mantra en anglais pendant un bon 10 minutes.

« I am the light of my soul, I am wonderful, I am bountiful I am bliss, I am, I am… ».

Le partage de cette énergie magique dans le noir dans le Yoga Hall … Il y avait vraiment quelque chose de plus profond que l’enveloppe solide de l’être humain scientifique. C’était au delà! Bref, je trippe. J’ai aussi fait une « thérapie » de danse des chakras, guidée par une Allemande qui habite ici. Pendant deux heures on était guidés par les sons de sa thérapie qui nous invitait à danser et à expulser tout ce qu’on avait à l’intérieur de refoulé. Danser dans une salle pleine d’inconnus et faire l’exercice de regarder profondément un inconnu dans les yeux. Danser ou marcher simplement en gardant le regard fixé dans l’autre. Je dis « dans » l’autre, car oui c’était vraiment comme exposer son âme, son « soi-même », le plus intacte qu’il soit. On oublie tout ce qu’on est de notre vie d’avant… car ce n’est pas tout à fait nous. Même le nom que l’on nous donne… on ne l’a pas choisi. C’est qui le vrai « moi », alors? Entre les musiques indiennes, les musiques douces et classiques, les musiques techno, … toutes sortes de musiques que je vous invite à aller écouter si vous êtes intéressés. www.mixcloud.com/annehaackyoga/just-dance Bref, tout cela pour dire que je connecte enfin avec le monde l’autre bord de la cage et ça me fait un bien extrême. Je sens que je vais rester en contact avec ces gens qui m’ont énormément touché. C’est comme aller dans un camp de vacances un peu, mais maintenant on est adultes. Et on étudie le yoga tous ensemble. Et tout ce qu’on veut c’est de trouver la paix intérieure. C’est vraiment ça le but de la vie finalement. Être en paix, et être heureux. Il y a un certain moment je pensais que c’était une grande carrière qui allait me procurer ce sentiment d’accomplissement intérieur… je me voyais « diriger » et être manager quelque part… Aujourd’hui je réalise que je n’ai vraiment pas besoin de ça pour être en paix intérieure.

Il y a une belle histoire sur cet aveu que je me suis faite à moi-même. L’histoire raconte qu’Alexandre Le Grand voulait régner en Inde. Il voulait régner le monde entier. Un jour, il rencontre un pauvre vieil homme qui se baignait dans le Gange paisiblement. Il commence à discuter avec cet homme et lui demande ce qu’il fait. Le vieil homme lui répond qu’il reste en paix, et lui retourne la même question. Alexandre le Grand lui répond qu’il ne peut pas être en paix toute suite, il doit conquérir l’Inde pour devenir le Roi du monde. Le vieil homme lui répond : et qu’est-ce que tu feras quand tu seras le roi du monde? Alexandre de lui répondre : Je pourrai enfin rester en paix…